Pédagogie Institutionnelle
et groupe de Soutien au Soutien:
deux pratiques complémentaires
Depuis deux ans nous sommes quelques
uns du groupe P.I. , à nous réunir conjointement avec des
rééducateurs et psychologues scolaires autour de Jacques
Lévine, psychanalyste fondateur de l'A.G.S.A.S.
Nous expliquons au groupe ce sur
quoi nous butons:
une situation qui nous pose problème,
une difficulté avec un élève.
Après une clarification,
chacun essaie de déplacer son regard:
"si j'étais à
la place de ….l'enfant" par exemple.
Puis nous nous attardons sur le
modifiable de la situation.
D'abord des outils…
Comme tout praticien à ses
débuts, le pédagogue P.I. a le sentiment que l’outil va le
sauver.
C’est un peu, je crois, la
volonté de tout maîtriser.
Il s’en suit une démarche
très technicienne :
construction d’outils adaptés
à la classe, aux élèves, à soi-même.
Nombreux sont les outils qui nous
permettent de faire une photographie éclairée de la classe
avec ses interactions: "ceintures"
en apprentissages qui différencient les enfants sur le plan des
capacités acquises, différentes présentations orales,
différents projets écrits (albums, journaux, recueils), le
Conseil,
le Quoi de Neuf, la
réunion des chefs d’équipes, la
monnaie, le sociogramme.
La plupart du temps, cela donne
des résultats intéressants, des avancées positives;
la classe ainsi organisée devient, selon le mot de Francis Imbert,
"un accélérateur d’inconscient".
Puis des questions:
Mais chacun d’entre nous, avec
ce matériel d’observation de la classe “ lieu de vie ”, a buté
un jour sur une difficulté. Tel enfant est agressif, tel autre toujours
en retrait, tel autre encore régresse.
Si on considère la classe
et les outils de la P.I.
comme thérapeutiques, comment ne pas s’interroger alors sur les
effets de cette pédagogie sur la vie mentale des enfants et des
enseignants, comment renoncer à comprendre les mécanismes
en jeu et à connaître nos limites, pour éviter de faire
de “ l ’anti-thérapie ” ?
Pour nous permettre cette compréhension,
nous aider à dépasser certaines difficultés relationnelles
avec les enfants, le Groupe de Soutien au Soutien est important. Il peut
nous permettre d’ avancer dans quatre directions .
- Affiner l’outil P.I : réfléchir
par exemple sur la monnaie, sur les chefs d’équipes, sur le
Conseil, le Quoi de neuf, les affichages, sur notre manière
de mettre en place ces outils et de les présenter aux élèves,
sur nos relations avec les parents …
- Analyser les situations
répétitives : des enfants qui ont les mêmes difficultés
d’apprentissages, de communication, de lien, …
Y aurait-il des invariants ? En
les reconnaissant, je peux tenter de "changer de lunettes" et faire moins
de bobos à la relation enseignant- enseigné.
- Se connaître soi-même,
savoir que les phénomènes de contre-transfert agissent sur
la vie de la classe est déjà un point important.
Mais peut-être peut-on aussi,
en connaissant mieux notre relation au savoir , aux enfants, à l’autorité,
à nous mêmes, agir avec moins de violence et plus de sérénité.
- Travailler sur soi: en avançant
moi-même, je me permets de vivre une relation au travail plus humaine,
plus détendue.
Et par conséquent j’améliore
qualitativement ma vie d’humain et celle des autres peut-être ?
Ces quatre points constituent
une tâche colossale pour avancer dans notre travail, sans oublier
l’objectif primordial qu'est la transmission des connaissances.
Un "langage intermédiaire":
C’est pourquoi j’ai été
séduit par le terme de "langage intermédiaire" qu'utilise
Jacques Lévine, un langage qui nous permet de comprendre et de retirer
quelques fruits des concepts psychanalytiques.
Plus le psychanalyste qui intervient
dans le groupe de Soutien au Soutien parlera un langage compréhensible
pour moi, plus je pourrais avoir une vision différente de mon travail
dans la classe et avec mes collègues, et plus mes efforts pourront
porter sur ma pratique de classe.
Lors de notre travail de groupe
de S au S, j’ai été amené à présenter
une situation de classe oralement.
Cette situation, je l’avais écrite
pour me permettre de prendre du recul de la distance et de moins
réagir avec mes tripes.
Néanmoins, dans le groupe,
mon intérêt se porte sur ce qui va se dire, ce que je vais
entendre, ce que mes pairs vont en dire.
J’ai besoin aussi du point de vue
éclairé du psychanalyste, point de vue extérieur à
mon institution.
Comme s’il me faisait don de son
expérience et d’un savoir tel un bâton de relais pendant une
course, pour que moi praticien je puisse aller plus loin dans ma pratique
.
D. FAGOT
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